Carte, opération Husky, invasion de la
Sicile, le 10 juillet 1943. |
Par le major (retraité) Harold A. Skaarup
IWM, A 17916 |
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le Carleton & York a été mobilisé à Woodstock (N.-B.), le 1er septembre 1939, en tant qu’unité de la troisième brigade de la 1re Division canadienne. Cette unité se composait de :
- la compagnie « A » de Fredericton, formée d’hommes des comtés de York et de Sunbury;
- la compagnie « B » de Woodstock, formée d’hommes des comtés de Carleton et de Victoria;
- la compagnie « C » de St. Stephen et de Milltown », dans le comté de Charlotte;
- la compagnie « D » d’Edmundston, formée d’hommes du comté de Madawaska;
- en plus d’une compagnie du QG.
Carleton & York Regiment, exercice avec
masque à gaz, |
En décembre 1939, le Carleton & York Regiment a vogué vers l’Angleterre à bord du Monarch of Bermuda.
Le soldat W.H. Morris du Carleton & York
Regiment |
L’assaut sur la Sicile devait être le prélude à l’invasion de l’Europe continentale. L’invasion a été confiée à la septième armée américaine, dirigée par le lieutenant-général George S. Patton, et à la huitième armée britannique, dirigée par le général Sir Bernard L. Montgomery. Les Canadiens faisaient partie de l’armée britannique.
La 1re Division d’infanterie canadienne et la 1re Brigade blindée de l’Armée canadienne, sous le commandement du major-général G.G. Simonds, ont quitté la Grande-Bretagne pour la Sicile à la fin du mois de juin 1943. En cours de route, 58 Canadiens se sont noyés lorsque des sous-marins ennemis ont coulé trois navires du convoi d’assaut, et 500 véhicules et un certain nombre de canons ont été perdus. Néanmoins, les Canadiens sont arrivés tard dans la nuit du 9 juillet pour rejoindre l’armada d’invasion composée de près de 3 000 navires et péniches de débarquement alliés.
Les troupes canadiennes en route pour la Sicile. |
Le 10 juillet 1943, le Carleton & York Regiment est débarqué à Pachino lors des premières vagues de l’invasion alliée de la Sicile. L’opération Husky a commencé par une vaste opération amphibie et aéroportée, suivie d’une campagne terrestre de six semaines.
Au moment de l’invasion en juillet 1943, 70 000 soldats allemands se trouvaient en Sicile, soit la Panzer Division Herman Göring, la 15e Panzergrenadier Division, la 1re division de parachutistes, la 29e Panzergrenadier Division et le quartier général du XIVe Panzer Corps (General der Panzertruppe Hans-Valentin Hube), auxquels s’ajoutaient 200 000 soldats italiens.
Les unités italiennes en Sicile constituaient la sixième armée, commandée par le général Alfredo Guzzoni. Elle était divisée en deux corps, le XIIe et le XVIe, et comprenait cinq divisions côtières, deux brigades côtières et un régiment côtier, tous disposés en formations statiques autour de la côte, avec un moral bas et une expérience du combat nulle. L’armée disposait également de quatre divisions de campagne : 4ª (Livourne), 26ª (Assieta), 28ª (Aoste) et 54ª (Naples), ainsi que cinq ports et bases navales, et plusieurs aérodromes avec leurs propres unités défensives.
Benito Mussolini inspectant les troupes
allemandes en Sicile (Italie), le 25 juin 1942. |
Les débarquements aéroportés ont eu lieu juste avant l’aube du 10 juillet 1943, suivis de l’assaut sur les plages. Les premiers débarquements ont été effectués par les Britanniques, avec plus de 130 planeurs de la 1st Airlanding Brigade. Leur mission consistait à prendre le contrôle d’un pont, le Ponte Grande, situé à une certaine distance au sud de Syracuse. Cependant, le débarquement a été semé d’embûches : 200 hommes se sont noyés lorsque leurs planeurs se sont écrasés dans la mer, beaucoup d’autres ont atterri dans des zones éloignées de leur objectif, et seulement 12 ont atterri au bon endroit. Malgré cela, les Britanniques sont parvenus à prendre et à tenir le pont.
Les troupes se préparent à embarquer sur les planeurs Waco. |
Pendant ce temps, les parachutistes américains ont tenté un débarquement dans une autre partie de la Sicile, mais cette opération a également été loin de se dérouler sans heurts. La plupart des pilotes utilisés avaient peu d’expérience du combat et la combinaison de cette inexpérience, de la poussière soulevée par le sol sec et des tirs des canons antiaériens a fait que les parachutistes américains, plus de 2 700, se sont retrouvés assez dispersés, certains atterrissant jusqu’à 80 km de leurs cibles. Trois autres têtes de plage ont été établies par les Américains sur 60 km supplémentaires de la côte sicilienne.
Parachutistes américains en Sicile, 1943.
Mention de source : Paolo Marzioli |
Les troupes canadiennes ont débarqué près de Pachino, non loin de l’extrémité sud de la Sicile.
Les troupes canadiennes débarquant près de
Pachino, |
Les Canadiens ont formé le flanc gauche des cinq débarquements britanniques qui se sont étendus sur plus de 60 kilomètres de littoral.
Trois autres têtes de plage ont été établies par les Américains sur 60 km supplémentaires de la côte sicilienne. En s’emparant de la Sicile, les Alliés visaient également à piéger les armées allemande et italienne ainsi qu’à empêcher leur retraite à travers le détroit de Messine vers l’Italie.
Depuis les plages de Pachino, où la résistance des troupes côtières italiennes a été faible, les Canadiens ont avancé dans une poussière étouffante, sur des routes tortueuses truffées de mines.
L’assaut principal sur la côte sicilienne a été mené conjointement par les forces britanniques et américaines, les divisions américaines attaquant les côtes occidentales et les divisions britanniques, les côtes orientales. Des navires de guerre ont été basés au large des côtes afin de fournir des tirs de couverture. Les forces britanniques ont eu la tâche la plus facile des deux groupes, les défenseurs italiens se battant relativement peu. Cela a permis aux canons et aux chars alliés de débarquer rapidement, et Pacino a été aux mains des Britanniques avant la tombée de la nuit.
Pendant ce temps, les divisions américaines situées de l’autre côté de l’île ont eu beaucoup plus de mal, les avions italiens et allemands opposant une forte résistance à l’invasion. Plus tard dans l’après-midi, une division Panzer composée de chars lourds Tiger s’est jointe à la défense, mais les Américains sont parvenus à débarquer la 18 Regimental Combat Team et la 2e division blindée avant la soirée. Les forces américaines ont réussi à tenir leur position jusqu’à ce que les tirs de couverture de la Marine repoussent les chars.
Route des canadiennes pendant l’opération
Husky. |
La résistance s’est intensifiée au fur et à mesure que les Canadiens ont été de plus en plus engagés avec les troupes allemandes déterminées qui ont combattu durement pour les retarder depuis des villages situés sur des hauteurs et des positions presque imprenables dans les collines. Le 15 juillet, juste à l’extérieur du village de Grammichele, les troupes canadiennes ont essuyé le feu des Allemands de la Hermann Goering Division. Le village a été pris par les hommes et les chars de la 1re Brigade d’infanterie et du Three Rivers Regiment.
Les troupes britanniques grimpent sur les décombres d’une rue dévastée de Catane, en Sicile, le 5 août 1943. |
Pendant ce temps, les forces canadiennes, sous le commandement de Lord Tweedsmuir, ont lancé un assaut surprise réussi sur Assoro et Leonforte en escaladant une falaise qui semblait inaccessible et qui avait donc été laissée sans défense.
Les mortiers, les canons, les munitions et les autres fournitures ont dû être transportées par des trains de mulets. Sans se décourager, les Canadiens ont avancé régulièrement contre les positions ennemies, se battant littéralement d’un rocher montagneux à l’autre. Les approches d’Adrano ayant été dégagées, la voie était libre pour la fin de la campagne sicilienne.
Opération Husky/Invasion de la Sicile. Un
certain Martin Baltimore survole sa cible, les forces allemandes en retraite se
dirigeant vers Messine, juillet 1943. |
Les Canadiens n’ont pas participé cependant à cette phase finale, puisqu’ils se sont retirés en réserve le 7 août. Onze jours plus tard, les troupes britanniques et américaines sont entrées à Messine. La Sicile a été conquise en 38 jours. Au début du mois d’août, la Sicile était largement sous le contrôle des Alliés.
Évacuation de la Sicile par les Allemands, du 11 au 17 août 1943. |
Si les invasions de la Sicile et de l’Italie sont bien connues, l’importance de l’évacuation de la Sicile par les puissances de l’Axe a été terriblement négligée. En une semaine, les puissances de l’Axe ont pu évacuer 50 000 soldats allemands et 75 000 soldats italiens à travers le détroit de Messine vers l’Italie continentale. Les Alliés n’ont pu empêcher cette évacuation, car le plan d’invasion ne tenait pas compte de l’épuisement des troupes et du manque de réserves. Les Allemands ont également mené une action d’arrière-garde experte pour ralentir la progression des Alliés.